On m'a souvent reproché de trop penser à l'avenir, d'anticiper tout ce qui peut se passer de bien ou de mal. Je devrais apprendre à vivre dans le présent, je m'en rends compte. Mais parfois, je pense que c'est une force d'imaginer le futur car cela m'aide à comprendre à quel point certains moments précieux sont éphémères.
Parfois, c'est vrai j'ai hâte de voir grandir les garçons pour ne plus avoir à répéter 100 fois les mêmes choses dans la journée ou pour ne plus être obligée de ranger leurs jouets 20 fois par heure! Tous les parents ressentent ça, c'est humain. Mais grâce à mon petit défaut, j'ai aussi fortement conscience que certains moments précieux disparaitront trop vite.
Le matin, quand je peux les amener à l'école, j'adore rester un petit moment pour les regarder jouer dans leur cour respective. Je dois bien avouer qu'une part de la maman inquiète que je suis reste pour s'assurer qu'ils sont bien intégrés et qu'ils ont des amis. Mais si j'aime les regarder c'est avant tout parce que je sais pertinemment que très vite ils ne voudront plus que je les accompagne. C'est d'ailleurs déjà le cas avec Junior qui veut aller jusqu'au portail tout seul comme un grand et qui ne veut plus que je vienne lui faire un bisou au grillage. Snif... Mais je le regarde de loin, en prévision de ces jours prochains (au collège?) où il faudra que je me gare loin, très loin de l'entrée de l'établissement pour que les copains ne me voient surtout pas (trop la honte!!). Ils ne me raconteront sûrement plus ce qu'ils ont fait dans la journée ou bien qui sont leurs amoureuses. Bon, là, je n'aurai peut être pas envie de tout savoir non plus! Alors, malgré la fatigue de la journée de travail, je savoure ce moment où dans la voiture, Junior me raconte les dernières folles aventures de la récré et qui n'est plus son ami parce qu'il n'a pas voulu jouer avec lui. Je sais que plus tard je n'aurai que des 'Pfff', des 'mouais' ou bien des 'tu peux pas comprendre'.
Un autre moment éphémère dont je profite sont les câlins. Junior n'étant pas très câlins, nous sommes malheureusement déjà passé à la phase 'un petit bisou ça suffit'. Alors je profite de Numérobis. Je le câline dès que je peux. Des bisous, encore des bisous. Sous les pieds encore tout doux, dans le dos avant des guilis, dans les cheveux qui sentent encore si bon. J'essaie d'imprimer dans ma mémoire la douceur de sa peau, le moelleux de son petit ventre dodu.
Enfin, je me rends compte de la chance de pouvoir encore les appeler 'mes loulous' devant leurs copains, de leur donner la main dans la rue même quand il n'y a pas de danger, de porter Numérobis dans mes bras (avec ses 17 kilos c'est un petit exploit), de les voir rire sans
se soucier du regard des gens, de leur lire des histoires avant le coucher quand plus tard ils seront fixés sur leur téléphone.
De tendres moments qu'il faut chérir, savourer et essayer de tatouer dans notre mémoire et dans notre cœur.
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